Dans les rayons d’un soleil encore haut, les silhouettes de trois hommes se distinguaient à travers les branchages luxuriants. La végétation était dense dans cette jungle. L’humidité rendait l’atmosphère pesante. Le plus rondouillard et le plus petit des trois auraient voulu faire une halte, mais le chef de l’expédition, qui portait un chapeau feutre à larges bords, ne semblait pas faire attention à eux et poursuivait sa route d’un bon pas. Derrière ce trio d’étrangers suivait une petite troupe de porteurs recrutés au village voisin. Au fur et à mesure qu’ils s’enfonçaient à travers la jungle, l’anxiété les gagnait.
Soudain, l’un des autochtones poussa un cri de terreur. Il venait de tomber sur une idole taillée à même le tronc dans un arbre. Une idole grossière aux traits menaçants. La superstition locale voulait que quiconque croisât cette idole sût qu’il entrait sur un territoire ancien, oublié, ... maudit. Qu’il serait damné s’il osait y demeurer. Par la bouche de l’idole sortit d’un coup une nuée de chauves-souris. Le porteur détala sans demander sa solde en hurlant, vite imité par tous ses congénères. Le plus petit des trois étrangers leur cria dessus dans leur langue pour les faire revenir, mais rien n’y fit. Ils se retrouvaient sans guides au beau milieu de la jungle.
Mais cela ne paraissait pas contrarier outre mesure le leader de l’expédition, l’homme au chapeau. Arrivé au bord d’une rivière, il consulta le vieux parchemin abîmé qui lui servait de plan. Le plus petit de ses deux acolytes s’approcha de lui, dans son dos, et sortit un revolver. L’archéologue fit alors volte-face et, dans un cinglant claquement de fouet, désarma le traître avant qu’il n’ait pu lui tirer dessus.
- Qu’y croyais-tu surprendre, capon ? clama l’aventurier au chapeau. Avec ce fouet, j’ai déjà fait du SM avec la sœur de Majestic ! C’est dire si je maîtrise !
Le félon se tint la main de douleur, puis préféra prendre la poudre d’escampette. L’archéologue ne lui donna pas la chasse. Il savait que c’était inutile : les dinoflies qui vivaient dans cette jungle auraient tôt fait de dévorer l’imprudent.
Grâce à son vieux plan, l’aventurier finit par découvrir l’entrée d’une grotte, cachée par des siècles de végétation grimpante. Son compagnon rondouillard le retint par le bras avant qu’il n’y pénétrât.
- Nul n’est jamais sorti vivant de ce lieu. N’y allez pas, señor.
Repoussant ce bras peureux, l’archéologue s’engouffra dans la cavité et y alluma sa torche pour voir ce qu’elle recélait. Il s’agissait, comme il s’y attendait, d’un corridor creusé dans la roche, envahi par les toiles d’araignées, qu’il écarta pour se frayer un chemin. Derrière lui, le grassouillet tremblait comme une feuille.
- Qu’y a-t-il, encore ?
Comme le dodu lui montrait son dos du doigt, il regarda par-dessus son épaule et constata qu’une grosse araignée avait grimpé sur son dos. Il la chassa d’un coup de fouet. Puis, voyant que son compagnon était paralysé de peur, il vint dans son dos et le racla pour en déloger la colonie d’arachnides qui s’y massaient.
Ils arrivèrent bientôt à un endroit du corridor où un trou dans la paroi laissait filtrer un rai de lumière.
- Arrête-toi ! commanda l’aventurier. Ne passe pas dans la lumière.
Lui-même contourna soigneusement le rayon et, pour montrer à son compère la raison de sa prudence, il passa son fouet dans le faisceau de clarté. Une herse surgit alors du mur et vint frapper l’autre mur avec violence. Un piège ! Et qui avait déjà fait une victime, car y était déjà empalé un cadavre à un stade avancé de décomposition.
Après avoir franchi un gouffre en utilisant le fouet comme de liane, à la manière d’un tarzan, les deux hommes atteignirent un nouveau couloir, envahi de mousse et de lichen. Soudain, le sol se mit à trembler sous leurs pieds, tandis qu’un grondement s’élevait. Ils se retournèrent et virent qu’un nouveau piège s’était actionné : une gigantesque boule rose dégringolait d’une rampe pour venir les aplatir ! Ni une ni deux, ils se mirent à piquer un méchant sprint. Le rondouillard était trop lent et il se fit écrabouiller, en maudissant dans son dernier râle la race des Kirby.
L’archéologue était désormais seul, mais il touchait au but. Il venait d’entrer dans la dernière salle de ce temple sacré. Il allait enfin découvrir le trésor perdu de la contrée mythique de Planetemu. Après avoir zigzagué entre les dalles piégées du sol (déclenchant vraisemblablement des tirs de fléchettes empoisonnées), il parvint à un gigantesque portail de pierre. Il entreprit de peser de tout son poids dessus pour l’ouvrir. Ses efforts furent récompensés quand il sentit les battants se mouvoir et s’écarter. Le spectacle qu’il découvrit alors le stupéfia littéralement.
Dans une salle cossue et très design, des centaines de gens se trouvaient figés sur place, comme statufiés. Ils étaient toujours en vie, cela ne faisait pas de doute, mais ils se tenaient là, immobiles et muets. L’aventurier s’avança au milieu d’eux, leur adressa la parole, mais aucun ne répondit. Ils se contentaient de le suivre des yeux. Brusquement, une voix s’éleva, ce qui fit sursauter notre héros.
- Bienvenue dans le chan de Planetemu, invité au teint cadavérique. Peut-on savoir quel bon vent t’amène parmi nous?
C’était un membre avec une tête jaune et souriante.
- Je m’appelle JFM, je suis pilleur de tombes et je cherchais le trésor perdu de Planetemu.
- Eh bien tu l’as devant toi ! Le trésor perdu de Planet, c’est cet endroit, le chan. Et pour être perdu, il est sacrément perdu, tu peux me croire ! Au fait, mon nom c’est Zapier.
- Comment cela se fait-il que les gens ne parlent pas, de montrent pas le moindre signe de vie ?
- Très bonne question ! On n’a jamais vraiment su comment c’était arrivé. On pense que les gens qui étaient connectés ici ont été victimes de soudaines crises de vie IRL.
- Et pourquoi avoir truffé l’endroit de pièges ? Cela ne risque-t-il pas de décourager les gens qui aimeraient venir vous rejoindre pour redonner un peu de vie ?
- C’est vrai ça, on n’y avait pas pensé.
- On ne peut pas vous sortir de cet état ?
- Ça, faut voir avec les ops. Va voir Tonio, le gars là-bas, avec une tête de vache.
JFM se rendit auprès de l’admin et lui posa la même question. Avec son ton plein de politesse et d’amour de son prochain, Tonio lui répondit :
- Eh bien si t’as une solution pour nous sortir de cette merde, mon grand, te gêne pas ! Mais sache que Reeko a tenté plein de trucs, sans succès.
JFM se gratta alors le menton décharné, pour réfléchir un instant. Puis, avec un sourire diabolique qui avait déjà fait craquer tant de filles, il dit :
- Je crois que j’ai une idée...
Quelques temps plus tard, et avec toujours autant de précautions pour éviter les pièges, JFM revint sur le chan perdu et proposa son idée : la cérémonie des Planétars. Le succès fut immédiat : les membres retrouvèrent la parole, ils purent bouger de nouveau et le chan perdu revint à la vie. Et depuis cette époque bénie, chaque année JFM revient sur le chan pour lever sa malédiction.
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