Article rédigé par Shenron
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* Nom : Shining the Holy Ark
* Editeur : Sonic
* Console : Saturn
* Année : 1996
* Genre : RPG
Après le médiocre Shining Wisdom, les fans de la saga Shining Force étaient en droit d'attendre le retour de leur série fétiche, et d'un nouveau tactical RPG digne de ce nom. Pourtant, Sonic a choisi le retour aux sources avec Shining the Holy Ark, qui est un RPG à la première personne, tout comme l'était Shining in the Darkness.
Arthur, Melody et Forte sont trois mercenaires, qui ont pour mission de capturer Rodi, un célèbre hors-la-loi. Mais lors de leur confrontation, la grotte dans laquelle ils se trouvent s'effondre, et nos quatre protagonistes sont laissés pour morts... C'est alors que quatre esprits (qui ressemblent un peu à des farfalles à qui ont aurait collé un corps de tétard), en prenant en partie possession de leur corps, les ramènent à la vie. Forte disparu, Arthur, Melody et Rodi vont devoir découvrir qui sont ces esprits, et surtout de quelle mission ils ont été investis...
StHA reprend donc le principe de SitD, à savoir l'alternance entre les phases d'exploration de donjons et de parlotte dans les villages, en offrant davantage de libertés puisque la carte du monde est bien plus vaste (en plus d'être très jolie), et que vous pouvez vous y déplacer à peu près librement.
Dans les donjons, peu de nouveautés, si ce n'est que votre équipe s'est élargie ; quatre membres (sur un total de 8 possibles) peuvent se trouver en même temps sur le champ de bataille, et il est possible de permuter avant chaque tour. Par exemple, vous pouvez très bien commencer un combat avec des mages pour faire le ménage, et finir avec des guerriers pour achever le gros ennemi qui a survécu aux sorts. À noter que la mort du personnage principal (à savoir Arthur) ne signifie plus la défaite de votre équipe, même s'il ne peut être remplacé au cours d'un combat.
On retrouve dans les villages la traditionnelle église où vous pourrez entre autres sauvegarder et ressusciter les membres de votre équipe, l'auberge dans laquelle vous piquerez un petit roupillon et les habituels magasins d'armes, armures et autres objets magiques. Notez d'ailleurs qu'il est désormais possible de s'équiper de plusieurs pièces d'armures (pour toutes les parties du corps).
Pendant qu'on est dans les nouveautés, continuons sur notre lancée ; contrairement aux épisodes précédents, il ne suffit plus d'acheter aveuglément l'arme la plus chère pour s'équiper convenablement ; dorénavant, la plupart des armes "avancées" augmentent certes certaines caractéristiques, mais peuvent en diminuer d'autres ; à vous de faire le bon choix en fonction des zones traversées ou de votre stratégie.
Autre nouveauté, l'apparition (enfin) des paramètres "résistance magique" et "résistance au souffle". Et oui, enfin les mages sont plus résistants aux Blaze et autres Spark que les bourrins de base, et ce n'est pas trop tôt.
Mais l'innovation majeure de StHA est l'apparition des Pixies. Lors de vos pérégrinations, vous découvrirez parfois dans un coffre, un vase ou tout simplement une flaque d'eau une petite fée. Elles sont de cinq types : Fairies, Pixies, Incubus, Succubus et Leprechaun. Lorsque vous en avez trouvé, elles restent en permanence à vos côtés et sont visibles en bas à droite de l'écran.
Lorsqu'un ennemi apparaît, vous disposez de quelques dixièmes de seconde pour choisir une catégorie de Pixies (avec L et R), puis attaquer (avec A ou C). Si vous avez bien choisi, les Fairies se lancent alors à l'assaut des ennemis présents à l'écran.
Facile ? Pas tant que ça. En effet, vous devez choisir le type de Pixie en fonction de l'endroit d'où vient l'ennemi.
Comme je vous l'ai dit plus haut, vous ne disposez que de peu de temps pour choisir et invoquer vos Pixies, il faut donc être extrêmement attentif. Non seulement cette attaque retire des points de vie à tous les ennemis présents à l'écran, mais en plus elle permet de gagner davantage de points d'expérience et d'or à la fin du combat, et parfois de doubler voire tripler ces gains pour les ennemis les plus faibles, ce qui n'est pas négligeable. Et évidemment, plus vous avez de Pixies, plus les dégâts infligés et les gains sont importants.
Il y a en tout 50 Pixies (10 de chaque classe), cachées dans tous les villages et donjons. Si la plupart sont faciles à trouver, certaines sont franchement bien cachées, et il faudra observer chaque pan de mur pour les dénicher.
Cette dernière phrase s'applique d'ailleurs à beaucoup d'objets ; si ceux indispensables à la progression de l'intrigue se trouvent la plupart du temps dans des coffres, les armes spéciales et autres objets utiles mais optionnels ne s'obtiendront qu'avec beaucoup de patience, car il faudra retourner chaque pierre et vaincre chaque ennemi pour tous les trouver.
En ce qui concerne le scénario, il faut avouer que les liens avec les autres épisodes de la saga sont plutôt ténus ; un seul des lieux traversés (le manoir du Vandal), et encore, seuls ceux qui ont joué à Shining Force CD s'en rendront compte. Le seul autre lien sera effectué plus tard avec Shining Force III.
Les personnages et ennemis sont donc tous inédits, même si on retrouve des classes déjà rencontrées auparavant, avec les classiques guerriers, mages et autres ninjas. Si leur design est réussi, on ne peut que regretter leur manque de profondeur. Encore une fois, c'est un ennemi qui bénéficie du meilleur background, même si on note un net progrès par rapport aux opus précédents, dans lesquels des alliés apparaissaient à tous les coins de rue on ne sait trop pourquoi.
Si le traitement des persos est un peu lèg', un soin tout particulier a été apporté à la conception des donjons, ou devrais-je dire des labyrinthes que votre fine équipe traversera. Si les premiers sont assez linéaires, une fois la seconde moitié du jeu entamée, c'est une autre paire de manches. Culs-de-sac, sol qui se dérobe sous vos pieds, passages secrets, rien ne vous sera épargné. Mention spéciale au temple du Sud, dans lequel vous devrez marcher au plafond pour arriver au bout...mais heureusement (oh oui, heureusement), vous pouvez à tout moment consulter la carte du niveau, qui se dessine automatiquement au fil de votre progression.
Les énigmes, à l'exception d'une ou deux, ne sont pas difficiles, et vous devrez avant tout faire preuve de patience...patience, car pour réussir à traverser un labyrinthe, il faudra en général vous y prendre à deux ou trois fois, le temps d'être au niveau des ennemis qui vous y attendent. Là encore, rien de rédhibitoire ; Arthur apprend rapidement le sort Egress, qui permet de s'échapper, et vous n'aurez qu'à passer une bonne nuit de repos à l'auberge avant de repartir à l'assaut !
Au final, grâce à cette difficulté équilibrée, on n'est jamais vraiment bloqué, et la progression est régulière. Tellement régulière que le jeu semble d'ailleurs un peu ronronner ; vous n'assisterez qu'à fort peu de moments de bravoure ou d'émotion, et l'histoire manque indéniablement d'un vrai climax, à tel point que les derniers moments du jeu semblent être un peu expédiés. Cependant il faut compter une trentaine d'heures pour terminer le jeu au pas de course (peut être le double pour avoir 100% des objets), et l'ennui ne pointe jamais le bout de son nez.
Mais le temps passe le temps passe, et je me rends compte que je n'ai pas encore parlé de l'aspect technique.
Les graphismes sont un peu particuliers ; les décors sont en 3D texturée, très pixellisés mais assez réussis dans leur ensemble. Les héros et ennemis sont représentés dans une 2D travaillée pour avoir un effet 3D ; c'est un peu particulier et donne un aspect un peu "pâte à modeler", qui n'est pour autant pas désagréable. En fait c'est l'animation qui est bizarre ; elle n'est pas très fluide et assez lente, ce qui rend la progression et les combats assez pénibles au début. Cela dit on s'y fait rapidement, d'autant que la vitesse du jeu semble varier selon les moments.
Les bruitages reprennent la "charte sonore" de Shining Wisdom, et sont donc percutants mais de qualité moyenne. Les musiques par contre, si elles ne sont pas nombreuses, sont d'excellente qualité et les thèmes sont de très bonne facture.
On retrouve la désormais classique interface "en croix" des menus inhérente à la saga, et l'ergonomie est des plus satisfaisantes. Normal pour un Shining.
S'il manque certes d'un peu d'originalité et de souffle épique, Shining the Holy Ark rattrape cependant le faux pas "Shining Wisdom", et relance la série de fort belle manière. Un bon apéritif avant le chef d'oeuvre qui attend les possesseurs de Saturn....
Note : 15/20
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