Je viens de terminer
Nier sur PlayStation 3 avec le trophée de platine.
Nier... un jeu dont les raisons d'achat étaient plutôt floues: je n'avais pas lu beaucoup sur lui, mais je savais qu'il était plutôt original et surtout je voulais retrouver un Action-RPG par les créateurs de la série des
Drakengard que j'ai beaucoup appréciée sur PlayStation 2: cavia.
Bref, un achat sur lequel j'ai plus suivi mon instinct que le tests et qui s'est révélé, du moins à titre personnel, une des révélations de l'année 2010. Comme quoi, l'instinct pour choisir ses jeux n'est pas le plus mauvais des conseillés!
Nier est le nom du jeu mais également celui du personnage principal, un quarantenaire (du moins dans la version occidentale) qui élève seul sa fille Yonah atteinte d'une terrible maladie: la nécrose runique. Nier, tout au long du jeu, n'est pas là pour sauver le monde, délivrer le pays du joug d'un tyran ou tout autre raison épique. Son but est de sauver sa fille adorée, quelque soit les dangers qu'il devra traverser pour cela. Retrouver l'amour paternel dans un RPG n'a rien d'extraordinaire, mais centrer le jeu là dessus est nettement moins banal.
Techniquement parlant, lorsque j'ai mis le jeu dans ma PlayStation 3, je me suis demandé si je ne m'étais pas trompé de jeu et de machine et si je n'avais pas repris une partie de
Shadow of The Colossus sur ma PlayStation 2. Car au niveau du design, il y a beaucoup d'éléments qui font penser au travail de la Team Ico, notamment l'utilisation de la lumière et de l'effet d'éblouissement sur des décors ma foi plutôt gris. Au niveau technique pure, Nier fait aussi penser au jeu de la PlayStation 2: le design est agréable à l'œil, mais mieux vaut ne pas s'attarder sur les détails et la qualité des textures. On peut vraiment, mais vraiment faire mieux sur les machines de dernière génération.
Il faut croire que l'argent du développement a été plus utilisé pour les musiciens que pour les graphistes et autant dire qu'on n'y perd pas au change: la musique de Nier est vraiment fabuleuse, avec de nombreux morceaux chantés, et elle joue énormément à l'immersion et à l'adhésion à ce titre. Sans sa musique,
Nier serait définitivement moins attirant. Vous pouvez vous faire une idée par vous même ici:
http://sushimusic.fr/index.php/album...nal-soundtrack
Je vous conseille Grandma, Song of The Ancients Devola, Emile Karma et Shadowlord.
Si l'histoire de
Nier joue plutôt sur le registre tragique (on est plutôt habitué chez cavia avec les
Drakengard sur ce point), le jeu distille également des pointes d'humour dans des dialogues savoureux entre ses personnages hauts en couleur: Nier, père attentionné et bon samaritain en général, le Grimoire Weiss, un livre magique parlant collet monté et aux accents british et Kainé, la combattante au caractère difficile et au vocabulaire particulièrement grossier.
Le coeur du jeu est un Action-RPG aux combats généralement brefs mais intenses et très violents. Mention spéciale pour la gestion du sang qui gicle par litre et qui se répand sur le décor et les personnages; par exemple en utilisant l'attaque spéciale de la lance dans un endroit étroit où l'ennemi est projeté sur plusieurs mètres répandant son hémoglobine sur le sol pour finir s'éclater dans un mur; résultat: la déco passe au rouge et les personnages sont couverts de sang.... bestial, mais jouissif! Mais
Nier sait varier son gameplay avec des clins d'œil plus ou moins appuyer à d'autre jeux ou genre de jeux. Par exemple:
- les tirs magiques qui semblent sortir d'un manic shooter
- de petites énigmes à résoudre dans des pièces vus parfaitement à la verticale avec une perspective des murs un peu particulière et les portes au points cardinaux
- un riche manoir où l'on se déplace avec des plans fixes (et qui cache quelque chose évidemment)
- des phases de jeux en sorte de 3D isométrique, un peu labyrinthiques, où l'on doit abattre de grosses vagues de monstres
- des séquences plate-forme (rares)
Tout cela vous rappelle quelque chose? C'est fait exprès, et il y a probablement d'autres références que je n'ai sans doute pas relever.
Sans compter bien sûr des allusions plus ou moins appuyées à
Drakengard (surtout le 1er).
La zone de jeu est relativement réduite et on visite plusieurs fois les mêmes lieux. Les amateurs de grands voyages en seront donc pour leurs frais avec
Nier. La quête principale du jeu se boucle assez rapidement mais le jeu propose de nombreuses quêtes secondaires pour gagner de l'argent mais aussi quelques armes. Car à l'instar de
Drakengard, Nier joue beaucoup sur l'accumulation des armes même si c'est nettement moins extrême. Ces armes peuvent être forgées plusieurs fois pour devenir plus puissantes. On peut donc le finir rapidement, mais ça serait vraiment du gâchis de ne pas s'intéresser aux à-côtés qui font aussi la richesse du jeu.
Nier n'est cependant pas parfait avec des points qui fâchent, le premier étant la rareté de certaines des ressources servant à améliorer les armes. Si vous voulez toutes les améliorer au miximum, préparer vous à des dizaines d'heures de farmage intensifs de ressources. Je ne plaisante pas: ma partie principale fait 80 heures et j'en ai une très large partie consacrée à la récupération des ces éléments qui sont ridiculement rares. Ah la joie de passer une après midi à récupérer 3 oeufs d'aigle. Non là franchement ils ont craqué chez cavia surtout qu'au final les quantités demandées sont assez importantes. Pour l'avoir fait jusqu'au bout, ça tient plus du chemin de croix que de la persévérance.
J'ai lu pas mal de choses à ce sujet sur différent forums... tout et son contraire d'ailleurs, notamment sur le réglage de la difficulté, certains conseillant le mode easy et d'autre le mode hard. Diffficile de compter entre les modes qui permettent de one shot kill les monstres et un mode où l'on met 10 fois plus de temps à les tuer. Finalement, j'ai farmé en mode normal...
Autres point qui fâche: la fin D qui demande à effacer toutes les sauvegardes du personnage associé pour pouvoir être vue. Certes le jeu demande de multiple confirmations avant de le faire (au moins on n'est pas pris en traitre), mais je trouve le principe idiot. Par chance, ayant été prévenu en avance, j'ai conservé mes sauvegardes sur clef USB... évidemment, voir 80h partir en fumée, ça ne fait pas trop plaisir.
Malgré ces quelques points noirs,
Nier reste un titre terriblement jouissif et accrocheur, mais qui ne conviendra pas à tous. Un OVNI vidéo-ludique comme on aimerait en voir plus souvent.... si vous accrochez, vous ne lâcherez pas souvent le pad.
Pour finir, un petit mot sur le seul DLC actuellement disponible: Le Monde des Vaisseaux Vacants. Ce mode permet de revisiter les souvenirs de Nier (on y joue Nier jeune) dans une suite de combats (15 niveaux découpés en 3 grandes parties) et une quête supplémentaire dans le terrain de jeu principal. Il permet de gagner deux nouveaux costumes au goût discutable et 3 nouvelles armes plus qu'inspirées du 1er
Drakengard. Deux d'entre elles sont les plus puissantes du jeu dans leur catégorie une fois upgradées (ce qui n'est vraiment pas difficile cette fois).
Les niveaux sont plus difficiles que le jeu général mais ça se traverse rapidement et on reste sur sa faim. Et ce n'est pas la quête avec les moutons qui va nous rassasier (même si elle est bien pratique pour gagner un trophée).
Point intéressant tout de même, l'une des salles spéciales contient de nombreux éléments rares pour upgrader les armes.
Ceci dit, le DLC est plutôt cher (presque 7€) est franchement dispensable si les allusions à
Drakengard ne vous font pas frémir.
A conseiller uniquement pour les fans de
Nier dans mon genre qui veulent prolonger l'expérience de jeu. Dommage, même si à titre personnel je ne regrette pas.